En cette époque troublée, où les échos des catastrophes environnementales s’intensifient avec une force sans précédent, il devient impératif de tisser un lien indéfectible entre la préservation de nos territoires, leurs écosystèmes, et la notion de résilience.
Ce concept, d’éco-résilience, loin d’être une simple abstraction, constitue une réponse nécessaire aux défis contemporains, et doit être envisagé comme une véritable politique publique. En eCet, l’éco-résilience implique un renforcement significatif des pouvoirs régionaux, une décentralisation incontournable de la problématique des risques majeurs, ainsi qu’une approche plus fédérale des actions environnementales, qui ne se satisferait pas d’une vision globale, mais nécessiterait des transformations, adaptations et planifications locales concertées.
L’éco-résilience se définit comme la capacité des territoires à anticiper, à s’adapter et à se transformer face aux aléas environnementaux, tout en garantissant, voire développant leur intégrité écologique, sociale et économique.
Les récentes inondations catastrophiques survenues dans la région de Valence, en Espagne, mais également, en France, les inondations répétées dans le Nord-Pas-de-Calais, les recrudescentes périodes de sécheresses de ces dernières années sur l’ensemble du territoire, les incendies atteignant aujourd’hui des régions jusqu’alors épargnées, telles que la Bretagne, les ouragans de catégories 3, 4 et 5 menaçant de plus en plus nos territoires ultra-marins, et jusqu’aux côtes de l’hexagone avec la récente dépression Kirk, voire la mémorable tempête Xynthia de février 2010, ou les millions d’habitations aCectées par le gonflement et le retrait des argiles, mais également, pour englober les risques anthropiques, l’incendie de l’usine Lubrizol de Rouen du 26 septembre 2019, voire la tragique double explosion du 4 août 2020 dans le port de Beyrouth, au Liban, nous remémorant jusqu’à l’accident industriel AZF du 21 septembre 2001 à Toulouse, illustrent tragiquement l’urgence d’adopter cette approche.
Ces événements, qui causent des pertes humaines et matérielles exponentiellement croissantes d’année en année, en partie avec le dérèglement climatique comme catalyseur mais aussi et surtout par une préparation, une planification, des aménagements, une urbanisation et des adaptations locales non concertés et non maîtrisés, nous rappellent que notre modèle actuel, fondé sur des politiques de réparation tardives, est épuisé.
Il doit céder la place à une vision décentralisée audacieuse et préventive qui place l’éco- résilience au cœur de nos préoccupations.
Boris Weliachew | ENSAPVS/EVCAU | nov. 2024